Nous avons rencontré récemment Jean Compère, fidèle lecteur de La Grenouille et adhérent de notre association, de nationalité belge et résidant près de Liège, qui nous a fait part de son amour pour la Sologne, qui ne date pas d’hier...
La Grenouille : Depuis quand fréquentez-vous
notre commune et pour quelles raisons en avez-vous fait votre lieu privilégié
de séjour hors de votre domicile ?
« C’est en 2005 que j’ai contracté le "virus
Sologne", à l’époque variant "Chambord et étang de Beaumont",
renforcé plus tard par celui de "Cour-Cheverny, gîte de la Ferme des Bruyères" il y a 5 ans, où les hôtes sont extraordinaires de gentillesse
et de serviabilité. Nous passons 50 à 60 jours par an dans la région (sauf
durant les mois de juillet et août…, trop de monde…), notamment une quinzaine
de jours au moins à l’occasion du brame du cerf. J’ai pu ainsi faire la
connaissance de photographes locaux devenus des amis pour certains. Pour ne
rien vous cacher, quand les circonstances me tiennent éloigné du terroir
solognot plus d’un mois, voire un mois et demi, mon entourage vous dira que mon
caractère s’en ressent. C’est vous laisser imaginer mon humeur actuelle pendant
cette période…, étant donné les contraintes sanitaires qui m’empêchent de
voyager... ».
« Originaire de la campagne, né et vivant alors
aux portes de l’Ardenne belge, épris de nature depuis mon plus jeune âge, ayant
été scout et cavalier d’extérieur, à 34 ans j’ai vécu une conversion inverse de
celle de Saint Hubert, que je ne renie pas, même si certaines dérives actuelles
m’attristent… Pour parfaire mes connaissances, j’ai pu participer à deux stages
(payants) à l’école de chasse du domaine de Chambord (hélas fermée
aujourd’hui), l’un consacré à la connaissance et à la gestion du cerf, l’autre
à celles du sanglier. Toutefois, si j’en ai prélevé quelques-uns au cours des
ans (un par an en moyenne) qui ont abouti dans mon congélateur et sur ma table
ou ont été offerts à des amis, je me suis assez vite rendu compte que les
animaux m’intéressaient davantage vivants que morts. C’est ainsi que j’en suis
venu à avoir envie de les photographier, mon épouse m’y ayant encouragé en
m’offrant mon premier matériel Nikon : un boîtier D80 et des optiques. Le
domaine national de Chambord disposant de superbes équipements d’observation
librement accessibles au public et que l’on ne trouve nulle part ailleurs, tout
comme l’étang de Beaumont, et plus récemment l’étang de Malzoné à Millançay,
réserve propriété de la Fédération des chasseurs du Loir-et-Cher, nous sommes
devenus des habitués de la Sologne et de ses forêts (hélas, de plus en plus
engrillagées, même si on peut parfois le comprendre face au comportement de
certains usagers…), notamment pour le brame du cerf. Les autres animaux, dont
les oiseaux, nombreux en Sologne, m’attirent également beaucoup ».
L G : Comment vous est venue cette passion pour
la photographie animalière, et comment avez-vous appris à la pratiquer ?
« Le brame du cerf à Chambord a été l’élément
moteur, outre les nombreuses et superbes visites de la réserve en 4 x 4 tout au
long de l’année (sauf durant le brame pour préserver la tranquillité des cerfs)
avec un forestier passionné qui m’avait averti : "Quand on a le virus de
Chambord, pas aisé de s’en défaire…", et il avait raison ! Depuis 16 ans,
la Sologne est au centre de mes activités et de mon univers. Pour le surplus,
je suis un autodidacte qui s’est formé à force de tâtonnements en apprenant à
utiliser le matériel, qui a évolué au fil des ans, avec plus ou moins de
bonheur et de réussite ».
L G : Parlez-nous de la technique de ce type de
photographie très particulière...
« Comme dit précédemment, je ne suis nullement
un technicien de la photo, n’ayant d’autre ambition que de saisir des moments
privilégiés et de les faire partager à ceux qui n’ont pas cette chance. C’est
dans cette optique qu’a été créé mon site internet (1).
Le matériel utilisé doit être adapté aux conditions et aux circonstances ;
c’est ainsi qu’il convient de disposer d’un bon boîtier et d’un téléobjectif,
en veillant au poids et à l’encombrement si on envisage de se déplacer vers les
animaux que l’on veut saisir. Par ailleurs, l’âge et la mobilité aidant, cela
revêt une autre importance. Pour ma part, bien que me limitant à pratiquer
l’affût (attendre la venue des animaux), afin de faciliter le transport lors
des déplacements, mon matériel a été allégé en conséquence ».
« En fait, il y en a plus d’un. Chaque rencontre
avec un animal dans l’intimité de son milieu de vie a sa part de magie et reste
un beau souvenir, d’autant plus quand on arrive à ne pas le perturber ni
l’entraver, voire à passer inaperçu. Et je me rappelle très bien, avec émotion,
le moment où mes petits-fils, Simon et son petit frère Adrien, puis leur cousin
Théo quelques mois plus tard, ont passé quelques jours avec moi en prenant
beaucoup de plaisir à la photo, avec une certaine réussite à la clé, et qui
continuent à pratiquer depuis.
Enfin, lors du brame 2014, j’ai reçu une invitation
à photographier les cerfs dans la réserve de Chambord en vue de la constitution
des fichiers d’identification. Vivre le brame de cette manière, à l’intérieur
de ce qui est un sanctuaire à mes yeux, reste gravé dans ma mémoire.
Avant de terminer, je souhaite également faire
part de mon plaisir lorsque, lors de mon premier séjour à la Ferme des
Bruyères, à la nuit tombante, un brame intense et persistant a retenti à 300
mètres du gîte, dans le parc privé de Bois Vert de l’autre côté de la voie des
Châtains, abritant, outre des mouflons et des daims, une vingtaine de cerfs,
biches et faons, soutenu par des brames aux alentours durant une bonne partie
de la nuit ».
P.L.
(1) https://monnikonetmoi.be, site où vous pourrez admirer de magnifiques photos animalières.
La Grenouille n°52 - juillet 2021
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