La Grenouille chez le taxidermiste, avouez que ce n’est pas
banal !!!
Accueillie par les
frères AUGÉ dans l’atelier de l’entreprise familiale, La Grenouille a eu le
plaisir de découvrir ce métier très particulier.
Dans son adolescence, Pierre
Augé, courchois de naissance, pratiquait la peinture animalière pour ses
loisirs et envisageait d’en faire son métier. Il s’exerçait également à la
taxidermie, appelée à cette époque « l’empaillage »…
La seconde guerre
mondiale va l’écarter des ses loisirs… et l’amener à s’engager très jeune dans
la Résistance, où il combattra dans les maquis de la région.
Jean-Yves et Laurent dans l'atelier |
Le loisir et la passion
de Pierre se sont transformés en un métier, qu’il apprendra par lui-même jusqu’à
devenir meilleur ouvrier de France, puis un expert de cette technique et un
précurseur dans certains domaines très pointus de la taxidermie.
Jérôme travaillant sur la tête d'un jeune cerf |
L’entreprise a compté
jusqu'à 10 salariés. Jean-Yves, le fils aîné, qui a commencé le métier à 14 ans
a pris sa retraite au début de cette année ; Laurent et Jérôme
maintiennent désormais l’activité « en tandem ».
La taxidermie c’est quoi ? :
La taxidermie est l'art de donner l'apparence du
vivant à des animaux morts. Le
métier correspondant est celui de taxidermiste.
Le terme provient du grec ancien táxis (ordre, arrangement) et de derma (la peau). Il apparaît pour la première fois dans le Nouveau
Dictionnaire d'histoire naturelle (1803-1804)
de Louis Dufresne (1752-1832).(1)
Remontage de la peau sur le mannequin |
Un art,
mais aussi une technique, qui fait appel à de nombreux domaines, et qui reste
une activité très artisanale : chaque oeuvre est différente, il n’y a pas
de machines, ni de travail en série…
Inutile de
préciser que les taxidermistes sont de grands spécialistes du monde animal, possédant
une connaissance détaillée de chaque animal… Ils sont aussi des « touche-à-tout »,
capables de fabriquer les outils ou accessoires spécifiques qui n’existent pas
dans le commerce…
Les clients
sont aujourd’hui essentiellement des chasseurs de la région, qui veulent garder
trace d’un animal (tête de sanglier, cerf, chevreuil, oiseau...) comme trophée.
Mais nous verrons plus loin qu’il peut y avoir d’autres commandes très
originales…
Comment pratique-t-on l’art de la taxidermie ?
L’animal
arrive congelé (autrefois ce n’était pas le cas, et il fallait faire vite…). Il
faut ensuite l’ouvrir, le dépecer avec le plus grand soin pour ne rien abimer,
le décharner.
La peau est
ensuite traitée : lavage, salage, dégraissage, tannage par imprégnation de
substances naturelles ou chimiques, graissage pour l’assouplir, finitions et
séchage 2 à 3 semaines : il faut maintenir une bonne température dans l’atelier
(au feu de bois chez les Augé)…
Plus d'une centaine de moules pour fabriquer les mannequins |
Mannequins d'ois |
Une collection d'yeux impressionnante ! |
Reste ensuite la finition qui consiste à effectuer d’éventuelles retouches, s’assurer que tout est parfaitement en place pour approcher au plus près de la réalité… Le résultat est impressionnant, surtout quand on connaît le travail à accomplir pour le réaliser (par exemple une trentaine d’heures de travail sur la tête d’un jeune cerf).
Notons également la
difficulté que constitue le travail sur les oiseaux, avec les plumes et une
peau très fragiles pour certains…
Une œuvre
de qualité ne bougera pas au cours du temps.
L’ouvrage le plus extraordinaire réalisé par la famille
Augé ? :
une vache de Sallers, commandée par une fromagerie du Cantal dans les
années 80 ! Toute une aventure… : il a fallu créer le mannequin de toute
pièce, en partant d’un profil en contreplaqué, puis en créant une armature
métallique sur laquelle a été monté un profil en mousse qu’il a fallu sculpter
pour approcher petit à petit de la bonne silhouette, à partir de photos et
d’une vache réelle : un souvenir inoubliable pour la famille
Augé !!!!
Dans le même style, l’entreprise
a réalisé un exemplaire unique de léopard, de lion, de tigre...
Réglementation :
La profession est très
réglementée, et les taxidermistes sont régulièrement contrôlés : la
législation autorise seulement la naturalisation du gibier (ou des poissons) et
des animaux domestiques (sous certaines conditions) ; il est interdit de naturaliser
les animaux protégés (ce qui est le cas de 90 % des espèces), sauf autorisation exceptionnelle. Le
taxidermiste n’a le droit d’agir que comme prestataire de service et n’est pas
autorisé à vendre un animal naturalisé.
La profession est
organisée au sein du Syndicat des
Naturalistes Taxidermistes de France,
dont Pierre AUGE a été Président
plusieurs années, au cours desquelles il a notamment participé à la création du
CAP de taxidermiste, pratiqué dans un centre de Formation à Meaux, mais qui a
fermé il y a quelques années.
La profession a connu
de grandes mutations, passant de 1 000 (ou plus) taxidermistes en France à une
certaine époque, à 120 environ aujourd’hui, dont 9 dans le Loir et Cher… La
demande baisse…
Merci à la famille Augé de sa disponibilité pour nous faire partager
sa passion et son savoir-faire.
Pour en savoir plus… :
Le site de l’entreprise Augé Taxidermistes :
et pour en savoir plus sur la
taxidermie :
(1) : source Wikipédia
La Grenouille n° 20 - Juillet 2013 (article condensé par rapport au texte ci-dessus)
Article clair, concis et pratique, merci
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